L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) dénonce la dérive de la lutte contre les cartels de la drogue au Mexique.Mercredi soir 9 novembre, l’ONG basée à New York a diffusé un rapport de 214 pages intitulé « Ni droits ni sécurité : assassinats, torture et disparitions dans le cadre de la ‘guerre contre les drogues’ au Mexique ».Après avoir mené l’enquête dans cinq Etats touchés par l’explosion de violences (Basse Californie, Chihuahua, Guerrero, Nuevo Leon et Tabasco), HRW pointe du doigt 170 cas de tortures, 39 cas de disparitions forcées et 24 cas d’exécutions extrajudiciaires, impliquant des forces de sécurité.« Les violations graves des droits de l’homme ont augmenté de manière dramatique dans le contexte des efforts du Mexique contre les stupéfiants, mais l’investigation et les poursuites contre ces abus n’ont pas suivi », souligne HRW. Le recours à la torture est qualifié de « systématique ».Pour mener sa « guerre » contre les cartels, le président mexicain Felipe Calderon a déployé sur le territoire 50.000 militaires. Ces troupes ont servi à purger les forces de police locales, compromises ou infiltrées.L’impunité des abus constatés par HRW découle en partie de l’application de la justice militaire dans le cas de soldats ou officiers soupçonnés, malgré l’avis contraire de la Cour suprême de Mexico et de la Cour interaméricaine des droits de l’homme. Entre 2007 et 2009, les procureurs militaires ont ouvert 1.615 procédures, sans déboucher sur la moindre condamnation.Selon le gouvernement mexicain, 90 % des 35.000 homicides liés aux cartels de la drogue entre 2007 et janvier 2011 concernent des criminels. Or, le procureur général de la République a lancé à peine 997 procédures pour homicide lié au crime organisé pour la période 2007-août 2011. HRW estime qu’un grand nombre d’officiers de justice sont impliqués dans les violations des droits de l’homme.Les rapports de Human Rights Watch sont disponibles en ligne.